Une personne souffrant d’un problème psychologique a plusieurs thérapies possibles à sa disposition. La psychanalyse est l’une de ces possibilités, parmi d’autres évidemment, mais l’auteur de cet article s’attache ici plus particulièrement à traiter ce qui rapproche (ou éloigne) la psychanalyse et l’hypnothérapie.
On le sait, dans la pratique de l’hypnose, l’inconscient joue un grand rôle. C’est par lui que passent les mécanismes de l’hypnose, et c’est également sur lui que repose la stratégie hypnotique mise en place par Erickson. Milton Erickson a en effet fondé sa pratique sur l’inconscient, qui ne peut selon lui agir que dans l’intérêt du patient, et qu’il faut donc absolument interroger et suivre si l’on veut aider le patient. C’est dès lors l’inconscient qu’Erickson cherche à questionner au cours de la transe hypnotique afin d’obtenir les réponses liées à la pathologie ou au trouble du patient. Fort de ses apprentissages du passé, ou encore vierge et donc « enseignable », l’inconscient est l’interlocuteur privilégié de l’hypnothérapeute. Mais le patient à l’état conscient conserve un rôle actif dans sa thérapie dans le sens où on lui demande de mettre en œuvre certaines pratiques, certaines prescriptions de taches, certains exercices, comme dans toute thérapie comportementale.
Chez Freud qui s’y est intéressé en premier, et donc en psychanalyse, l’inconscient est composé de trois éléments : le moi (qui agit comme un filtre entre le ça et la réalité), le surmoi (qui est la censure pour les pulsions du moi) et le ça (qui est la représentation des pulsions primitives liées au plaisir).
Si Freud a élaboré des théories sur les problématiques des patients et leur enfance, l’auteur de cet article n’est pas aussi affirmatif, et il va l’expliquer en comparant la psychothérapie et l’hypnothérapie, sans toutefois juger l’une comme meilleure que l’autre. Il précise juste qu’en tant qu’hypnothérapeute lui-même, sa préférence va à l’hypnothérapie, mais la psychothérapie n’en est pas forcément moins valable. Tout est question de thérapeute plus ou moins bon dans sa discipline, et de thérapie plus ou moins adaptée au patient, à sa personnalité, à sa problématique.
La psychothérapie est un processus de longue haleine. Le psychothérapeute a généralement un rôle dit passif, qui écoute et qui essaie d’aider le patient à découvrir lui-même sa problématique, à la formuler, à l’analyser.
« Que les nombreuses écoles de psychothérapie reposent sur des conceptions largement divergentes, voire opposées et contradictoires, du comportement humain et obtiennent cependant globalement des résultats thérapeutiques identiques n’a pas diminué la confiance accordée à ces hypothèses générales. Pas plus que cela n’a amené les partisans de ces diverses écoles à réexaminer d’un œil critique et avec du recul les principes de leur enseignement. La complexité de ces interprétations théoriques du comportement humain, jointe au caractère routinier des procédures thérapeutiques, ont fait de la psychothérapie une entreprise prolongée compliquée et coûteuse qui est largement inaccessible à la grande majorité des patients. Ainsi s’est perdu l’idéal d’une psychothérapie rapidement accessible et facilement applicable. À la place, les diverses écoles de psychothérapie, et tout particulièrement celles qui sont d’orientation psychanalytique, ont élaboré leurs propres philosophies indépendantes et spécifiques, auxquelles les patients doivent s’adapter même quand ce n’est peut-être pas au mieux de leurs intérêts […]
[…] L’hypothèse que la psychothérapie serait par nécessité une procédure compliquée et prolongée va à l’encontre de l’expérience générale de la vie quotidienne. Des événements simples de la vie de tous les jours, brefs et fugaces, on le constate souvent, peuvent exercer une influence profonde et durable sur les personnes. De tels événements peuvent découler entièrement du moment présent et déclencher des réactions importantes qui vont peser sur le présent et l’avenir de l’individu. Malgré les convictions sincères de tant de ceux qui adhèrent aux idées des écoles interprétatives de psychothérapie, ces réactions marquées à des événements du quotidien ne sont pas nécessairement le reflet ni la réédition d’expériences traumatisantes de l’enfance. Il ne s’agit pas de dénigrer, de quelque manière que ce soit, l’importance des traumatismes psychiques de la petite ou de la grande enfance ; il s’agit plutôt d’insister sur le fait que des expériences traumatisantes peuvent survenir à n’importe quel âge et peuvent n’être le reflet que de la situation vécue dans la réalité du moment. Pour comprendre les traumatismes, il n’est pas nécessaire de supposer l’existence de prototypes dans l’enfance. »
Ensuite, l’auteur nous parle de sa pratique, l’hypnothérapie, dont la particularité, on l’a compris, est cette transe hypnotique. Le grand public pense trop souvent que c’est cet état d’hypnose qui résout tous les troubles d’un seul coup. Alors l’auteur laisse encore Ernest Rossi expliquer le fonctionnement de l’hypnothérapie :
« Depuis les temps les plus reculés, les sorciers ont reconnu la valeur réparatrice du sommeil normal. Il n’est pas douteux que les incantations des premiers hommes-médecine aidèrent beaucoup d’êtres humains à trouver ce sommeil réparateur, tout comme une mère qui fredonne aide son enfant au sommeil agité à trouver un état apaisant de calme et de repos.
Cependant, avec la naissance du mesmérisme et la reconnaissance de l’hypnose en tant qu’outil thérapeutique au cours des deux derniers siècles, s’est développée l’idée erronée selon laquelle l’hypnose est par elle-même une force de guérison. Par quelque moyen mystérieux, elle est censée transcender les forces psychophysiologiques normales pour susciter des guérisons miraculeuses. Ceux qui ont sérieusement étudié l’hypnose savent par expérience que tout phénomène hypnotique peut se rencontrer dans le comportement normal de la vie quotidienne. Il n’y a aucune transcendance des aptitudes normales en hypnose. Tout au long de ma pratique, je n’ai jamais trouvé la moindre valeur aux prétentions de pouvoirs paranormaux, de guérison miraculeuse, ou de perception extrasensorielle découlant de l’hypnose.
Dans tous les cas de ce genre que j’ai personnellement étudiés, j’ai constaté que les soi-disant pouvoirs paranormaux et les guérisons miraculeuses n’étaient que la mise en jeu d’états ou de processus psychophysiologiques normaux. Les soi-disant ESP (perceptions extrasensorielles) reposaient sur l’utilisation inconsciente de signaux minimaux. Nous avons tous beaucoup plus de possibilités que nous ne le réalisons. L’hypnothérapie consiste à susciter et à utiliser ces potentiels souvent cachés.
Les patients ont des problèmes précisément parce qu’ils ne savent pas comment utiliser toutes leurs aptitudes. De mon point de vue, le simple état de réceptivité tranquille induit par l’hypnose n’est donc pas curatif en lui-même (en dehors de l’aspect réparateur du repos et du sommeil mentionné plus haut). La valeur de l’hypnose repose entièrement dans son utilisation comme moyen de faciliter les processus de guérison en déclenchant des réponses psychologiques et physiologiques qui amènent au bien-être de la personne tout entière.
Considérer l’hypnose comme une thérapie en elle-même est donc une erreur analogue à celle qui consiste à confondre intelligence et éducation. Les thérapeutes bien formés ont une connaissance étendue des processus psychologiques et physiologiques en relation avec leur domaine de compétence (les diverses spécialités de la médecine, de l’art dentaire et de la psychologie). Les hypnothérapeutes bien formés savent comment susciter et utiliser, à bon escient et avec méthode, ces processus psychophysiologiques afin de parvenir plus facilement aux objectifs thérapeutiques. »
L’hypnothérapie est considérée comme nécessitant peu de séances (trois, cinq) pour parvenir à un résultat de mieux-être pour le patient. Mais il arrive que certaines problématiques aient besoin de temps (sur la durée) et/ou de plus de séances (sur le plan quantitatif) pour obtenir une guérison. Il est en effet des cas où l’espacement des séances est au contraire préférable à un enchaînement intensif des rendez-vous afin de donner la possibilité au patient d’entamer de son côté, tout seul, un travail basé sur l’autohypnose. Cela permet de renforcer le travail qui est fait en cabinet.
L’auteur nous rappelle enfin brièvement que d’autres thérapies sont à la disposition du patient, tout aussi efficaces que la psychothérapie ou l’hypnothérapie selon le cas et la personnalité du sujet : l’art-thérapie peut se révéler particulièrement intéressante pour les enfants, la psychothérapie et la psychanalyse sont à envisager dans certains cas, et l’EMDR peut faire des merveilles pour traiter un syndrome post-traumatique.
L’auteur nous invite ainsi à chercher toutes les informations possibles sur les différentes thérapies offertes afin de trouver celle qui nous correspond le mieux. Et, enfin, à tester non seulement les pratiques, mais également les praticiens : il s’agit de trouver celui avec qui le courant passera suffisamment pour pouvoir lui accorder toute notre confiance et augmenter l’efficacité de la thérapie.